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lundi 16 juin 2025 :: Permalien
Publié dans Ballast, mai 2025.
La société israélienne, l’une des plus militarisées du monde, compte 178 000 soldats de métier et un demi-million de réservistes sur une population totale de près de dix millions d’habitants. L’armée constitue un pilier de l’ordre social israélien. Le service national est obligatoire à partir de 18 ans : trois ans pour les hommes, deux ans pour les femmes, « à l’exception des Palestiniens citoyens d’Israël […] et de la plupart des Juifs haredim qui se consacrent à l’étude religieuse ». C’est dans ce contexte que, depuis 2008, Martin Barzilai va à la rencontre des refuznik, celles et ceux qui refusent de prendre les armes et qui « incarnent un point de rupture, une discontinuité dans une société pensée comme un bloc militariste monolithique où le service est pratiquement constitutif de la citoyenneté », dans la mesure où celui-ci conditionne l’accès au permis de conduire, à la sortie du territoire, etc. Leurs courts témoignages donnent à voir le regard de la société israélienne sur le processus de la colonisation de la Palestine – ou son absence de regard, comme l’explique Einat Gerlitz : « L’occupation ne peut exister que parce que nous vivons séparés des Palestiniens. Si vous vivez comme un Juif israélien normal, vous ne la sentez pas […] tant qu’on ne la voit pas de ses propres yeux, l’occupation semble très lointaine. » Les points de vue des refuznik sont variés : certain·es ne rejettent pas le projet sioniste tout en dénonçant les crimes commis par l’armée israélienne, quand d’autres critiquent ouvertement l’occupation des territoires palestiniens et s’engagent aux côtés des Palestiniens contre les destructions de maisons, les exactions des colons. La plupart alertent toutefois sur les dangers de la dérive du gouvernement et du poids des fondamentalistes en son sein. Refuser le service se paie cher : outre la prison, de quelques mois à deux ans, il faut aussi être prêt à subir le regard de la société et des proches. Et depuis le 7 octobre 2023, refuser le service militaire obligatoire est plus que jamais un affront.
L.