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Larzac dans Ballast

jeudi 3 juillet 2025 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Ballast, le 30 juin 2025.

Le plateau du Larzac est un symbole des luttes paysannes. Dans les années 1970, le projet d’extension d’un camp militaire mobilise les paysan·nes qui refusent de se voir expropriés. 103 d’entre elles et eux prêtent le serment de ne pas quitter leur terre. Dix années de lutte non-violente déboucheront sur une victoire : iels obtiennent la gestion collective des 6 300 hectares de terres agricoles sauvées des bidasses. La Société civile des terres du Larzac (SCTL) est créée en novembre 1984. Six mois plus tard, elle signe avec l’État un bail emphytéotique prenant fin en 2013 mais qui sera renouvelé jusqu’en 2083. La SCTL regroupe une centaine de sociétaires, qui se réunissent en AG une ou deux fois par an. Le principe directeur qui les guide est celui de la propriété d’usage : l’attribution d’un logement et de terres se fait sur présentation d’un projet qui doit être validé par les sociétaires. Une fois à la retraite, il faut s’en aller. L’apport financier mis en entrant est reversé, avec une compensation pour les éventuels travaux effectués, pactole qui permet de s’installer ailleurs. Le système permet à de démarrer une activité pour des paysans qui ne disposent pas d’un héritage foncier ou d’un capital économique leur permettant d’acheter des terres. Comédien, Philippe Durand est allé à la rencontre des habitant·es et a recueilli leurs paroles, transmises sans commentaires dans l’ouvrage. Les points de vue sont variés, du conseil de gérance à celui d’ancien·nes ou de personnes arrivées plus récemment. L’ensemble permet de se faire une idée de cette alternative non capitaliste de gestion du foncier agricole, loin du modèle de l’agro-business défendu par la FNSEA. La Confédération paysanne est d’ailleurs très présente dès les débuts de la SCTL et dans les propos des interviewé·es — mais « c’est pas que ça », comme le précise l’un d’eux, qui rappelle la diversité des profils au sein du projet et les tensions qui peuvent demeurer entre « gens du coin » et « nouveaux et nouvelles arrivant·es ».

L.